La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 5 octobre 2011

La sélection du mercredi

Mercredi 5 Octobre 2011

La sélection du mercredi est de retour le mercredi. Cette semaine, je mentionne des films qui font envie ... au préalable. La sortie est chargée en bonne opportunités. La diversité est de rigueur : thriller psychologique ou film fantastique, film d'action, comédie, film d'horreur, film social cachant un fantasme quotidien de l'employé modèle, film d'auteur non reconnu, etc ... Il y en pour tous les goûts. Y en a-t-il pour le mien ?, là est la question.


Dream House, Jim Sheridan, 2011, USA.

La bande-annonce de Dream House raconte l'histoire d'un homme qui habite avec sa famille dans une maison. Puis il y a quelque chose dehors et quelque chose dedans, en dessous et tout autour. Le tout est raconté sur le mode du conte pour enfants avant que Daniel Craig ne revienne sur les lieux du crime en étant quelqu'un d'autre et pensant être le coupable de meurtres. Il faut croire que 5 années passées en institution psychiatrique n'ont eu aucun effet. A-t-il donc été traité pour sa folie meurtrière passée ? En tout cas, rester dans son pavillon de banlieue va le tuer, dixit les dires de Naomi Watts lors d'une de ses apparitions enchanteresses.

Ce mélange de Shutter Island, The Shining et Amityville ne donne pas envie d'aller voir Daniel Craig mâchouiller ses mots et avoir des tics faussement compulsifs.


Drive, Nicolas Winding Refn, 2011, USA.

Je laisse parler l'auteur Nicolas Winding Refn de la genèse de son film. Cet extrait d'interview recueillie par Bruno Icher pour Libération fait naître l'envie de voir Drive bien davantage que sa bande-annonce assez plate pour un film d'action.

"Nicolas Winding Refn : A cette époque, j’ai fait quatre voyages à Los Angeles pour essayer de sauver le film (The Dying of the Light) et, au passage, j’en profitais pour rencontrer des gens. C’est comme ça que ça fonctionne à Hollywood : les projets naissent au restaurant, dans les bars, où producteurs, metteurs en scène et acteurs se rencontrent, échangent des banalités pendant vingt minutes et promettent de se rappeler. Or, au cours d’un de ces voyages, j’ai attrapé une grippe épouvantable, avec un maximum de fièvre. Je ne pouvais pas me permettre d’aller à LA pour rester quatre jours au lit, ça n’avait pas de sens. A mon arrivée, j’ai vu Harrison Ford et je lui ai demandé quelque chose pour faire descendre ma température. Il m’a donné une sorte de poudre à verser dans l’eau bouillante. J’ai avalé son breuvage et ma fièvre a baissé illico, mais c’était si puissant que j’étais totalement défoncé. C’était comme fumer la meilleure marijuana mélangée à de l’opium. Trois jours plus tard, j’ai rendez-vous pour dîner avec Ryan dans le restaurant marocain qu’il a monté à Los Angeles, et ma fièvre est toujours aussi forte. Je reprends la poudre magique de Harrison et me revoilà totalement stone. J’étais incapable de me souvenir d’un seul mot du scénario que j’avais lu le matin même, j’arrivais à peine à marcher, tout était flou. Ryan était là, très cordial, très amical, me parlant de mes films, qu’il a tous vus. Mais moi, je n’arrivais pas à dire trois mots de suite, je ne pouvais même pas me tourner dans sa direction quand il parlait. Après deux heures horribles, je lui ai demandé s’il pouvait me déposer. Dans la voiture, il régnait un affreux silence, comme dans une blind date [un rendez-vous entre deux personnes qui ne se connaissent pas]. Du coup, Ryan allume la radio, et on entend REO Speedwagon qui chante Can’t Fight This Feeling…
Bruno Icher : Et puis vous avez pleuré…
NWR : C’est Ryan qui vous a raconté ? Je ne sais pas ce qu’il dit à propos de ça, mais j’adore cette chanson et je me suis mis à la chanter à tue-tête. D’accord, c’est ce que font généralement des gens très ennuyeux mais j’étais défoncé… Et tout est remonté d’un coup. La fatigue, la fièvre, ma femme et mes enfants qui me manquaient, Harrison Ford qui ne voulait pas mourir (pour le projet The Dying of the Light) … Je me disais: «Putain, qu’est-ce que je fous ici ?» Alors, je me suis mis à pleurer à chaudes larmes. Et il s’est passé un truc à ce moment-là. Assis dans une voiture, écoutant de la musique, roulant sur une freeway, la nuit, à Los Angeles. Je me suis tourné vers Ryan et je lui ai dit : «Je le tiens, je sais ce que Drive sera : un gars qui conduit la nuit en écoutant de la pop à fond et qui laisse ses émotions se libérer.»
Bruno Icher : Qu’est-ce que Gosling a répondu ?
NWR : «I’m in.»[J’en suis]. Et donc, le film est né d’une émotion réciproque très forte, très singulière, entre nous. Ce n’était pas simplement une bonne idée, écrite sur un scénario, mais quelque chose de bien plus profond."

Voilà donc pour la profondeur existentialiste de Drive. Personnellement, je me tâte toujours. Pour ne pas m'aider à y aller : dans la suite de l'interview, N.W. Refn fait mention de son talent pour l'économie en logeant Hossein Amini, le scénariste de Drive, chez lui tout en se comparant à von Stroheim et se situant dans une époque faste. De plus, il fait de la lèche aux français qui sont là pour aider le cinéma ; un bon argument de vente justement placé dans un quotidien bien ancré dans notre belle culture (en bleu le lien vers l'interview de Libération). Pour m'aider à y aller : la compréhension et les bonnes manières de Ryan Gosling.


Bienvenue à bord, Éric Lavaine, 2011, France.

Franck Dubosc a cette magnifique capacité à incarner les ahuris. Dans un duel Darmon/Dubosc, ce film devrait trouver un peu de sel. Pour le reste, j'ignorais même l'existence d’Éric Lavaine avant que Rémi et Félix du fun blog Il a osé ! aient posté une critique sur son premier opus Poltergay ; présentant un Clovis Cornillac habitant dans une maison probablement hantée par des fantômes gays. De mémoire d'homme, tout le monde ignore ce que ce récit raconte. A part cela, ce Bienvenue à bord semble aborder le problème du chômage sous un nouvel angle. En solution pratique, il faudrait davantage compter sur l'honneur bafoué des femmes bafouées aux postes de recrutement en entreprise pour engager les moins employables. Je parle évidemment de tous les Rémi Pasquier de ce monde.


De bon matin, Jean-Marc Moutout, 2010, France-Belgique.

Jean-Pierre Darroussin incarne un employé dévoué qui se prépare pour une journée de boulot un peu particulière. Malgré le meilleur qu'il a donné et étant jugé insuffisant, ses supérieurs hiérarchiques veulent le rétrograder et le muter. Il a donc décidé de s'armer et de considérer le lieu de travail comme un stand de shooting. Le tout est agrémenté de flash-back pour savoir comment il en est arrivé là. Femme, famille, bateau, tout y passe. Moralité : c'est la vie.

2 commentaires:

  1. Merci pour le petit clin d’œil ! :D

    Et superbe bannière tirée d'un film que j'adore et que je chroniquerai sans doute bientôt.

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  2. J'ai prévu de le chroniquer aussi. Je pense que nos 2 articles seront suffisamment éloignés pour susciter l'intérêt (je sais ce que j'en ai fait). J'adorais The Boston Strangler dans mes jeunes années. Aujourd'hui, je lui préfère 10 Rillington Place mais il reste excellent.

    Pas de quoi pour la mention !!!

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