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Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 28 septembre 2011

Inception : seconde partie

Mercredi 28 Septembre 2011
Soir

Inception, Christopher Nolan, 2010, USA.

Inception est un film d'espionnage industriel. Jack Cobb (Leonardo di Caprio) est le meneur de braqueurs de rêves qui fouillent les inconscients des victimes pour leur soutirer leurs plus précieux secrets. Il est pris au piège entre deux compagnies se livrant une guerre. Après avoir échoué lors d'une extraction sur Saito (Ken Watanabe), il doit faire profil bas. Mais Saito propose à Cobb un marché lui permettant de retourner aux États-Unis et de retrouver ses enfants qu'il ne pouvait plus voir depuis la mort mystérieuse de sa femme Mal (Marion Cotillard). Jack Cobb et ses associés doivent pratiquer une inception (implanter une idée dans l'inconscient de l'héritier d'un empire industriel) pour que le rêveur en chef puisse lever les soupçons pesant contre lui et jouir de nouveau de la vie de famille.

Comme s'il n'avait pas suffisamment de problèmes avec lesquels jongler, un obstacle supplémentaire s'oppose à Cobb. Le souvenir de son ex-femme le tourmente à tous les niveaux de sa conscience. Ainsi Mal vient perturber ses rêves et mettre en danger ses acolytes qui y plongent avec lui. 

Quand je songe qu'il suffirait que Cobb arrête de penser à son ex pour que ses soucis soient plus simples à résoudre, je me suis dit que Nolan avait planché sur une excuse en béton pour que la nostalgie du protagoniste principal vire à l'obsession. Malheureusement, Nolan est un cinéaste spécialiste de la complexification absconse.

Inception ou Comment avoir peur de la colère d'une femme lorsqu'elle n'existe plus qu'en souvenir

Retourner à ses enfants mis à part, les motivations de Jack Cobb se trouvent dans la guérison d'une culpabilité dont il n'arrive pas à se détacher. Alors que Cobb et Mal vieillissaient heureux et tranquilles dans un monde de rêves, il a implanté une idée de suicide dans l'inconscient de son épouse. Cobb voulait qu'ils retournent au concret. Mal ne le souhaitait pas. D'où l'idée de monde insuffisant et de mort infligée à soi-même. De fait, au réveil, la logique se reproduit. Mal s'assassine devant Cobb impuissant. Grand étourdi, Cobb n'avait pas tout prévu (c'est à cet endroit précis du scénario que le bât blesse et que le héros loin d'être reluisant en reprend une couche).

Pour pratiquer l'inception, Cobb s'est emparé du totem de sa défunte épouse dans les limbes où ils résidaient. Nolan ne montre pas la façon dont Cobb s'est pris pour implanter une notion  simple mais redoutable dans le subconscient de Mal. Alors qu'il a fallu à son équipe trois niveaux de rêves emboités (tout le monde fait "ouha ! quel exploit ! c'est une première ! c'est impossible ! mais si on va le faire !"), des partenaires et un puissant somnifère pour inceptiser la destruction d'un empire industriel familial à un fils héritier en querelle avec son père, il n'est nullement mention du nombre de niveaux de rêves, de drogues et d'acolytes qu'il a fallu à Cobb pour implanter une idée de suicide dans le subconscient de sa chère et tendre amoureuse.

A votre avis, quelle idée est la plus dure à implanter ? Le suicide de l'amour de sa vie ou la fin du business d'un homme auquel le fils héritier tourne à moitié le dos ?

Comme solution pour ne pas affronter sa responsabilité, Cobb utilise les souvenirs partagés avec Mal pour maintenir "en vie" son obsession nécrophile et sa culpabilité. Il n'arrive plus à distinguer le rêve de la réalité sans avoir recours au test de la toupie, objet totem que chaque braqueur se doit de posséder afin de déterminer si le retour au monde concret est effectif.

Ce que Cobb tient dans sa main gauche est la source du problème de la fin du film. Ce qu'il tient dans sa main droite n'est pas ce qu'il semble, c'est en vérité un sèche-cheveux.

5 commentaires:

  1. sympathique sur cette photo, pour une fois, Cotillard

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  2. Très bon article !

    "Nolan est un cinéaste spécialiste de la complexification absconse."

    Tout juste.

    Jack Cobb, ça ressemble à Jackob. Tu crois que c'est un indice pour ouvrir à une interprétation nouvelle du scénario selon laquelle le film serait une charge antisémite ? Ou alors ça fait encore référence au rêve (DREAM), à la réalité et à l'illusion, via une citation de ce fameux film avec Robin Williams, "Jackob le menteur".

    http://www.bemovi.com/template/media/images/jakob-le-menteur.jpeg

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  3. Tu me fous mal au crâne, Rémi. J'avais vaguement pensé à Jackobb au Qatar qui regarde un match de foot d'anciennes gloires (Weah, Dessailly l'homme aux testicules remontées dans la gorge, Leboeuf la couille humaine et Abedi Pelé). Mais, avec un patriotisme trop affiché dans un brouillon que j'ai publié fugacement, je sombrais dans un métatexte de ridicule.

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  4. P.S. : J'ai republié l'article Inception : Les limbes.

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