La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 20 octobre 2011

Method

Jeudi 20 Octobre 2011
Octobre Rouge #16

Belle Gunness, née Brynhild Päulsdatter Storset en 1859 à Selbu en Norvège, est l'une des plus célèbres tueuses en série. Invitée par sa sœur à venir la rejoindre à Chicago, Belle s'y précipita en 1881 fuyant la grande pauvreté de sa famille et les échecs entrepreneuriaux répétés de son père. Avant de rejoindre La Porte (Indiana) en 1900, Belle avait déjà incendié le magasin de confiserie qui ne connaissait pas le succès et une maison de son premier mari afin de toucher l'argent de l'assurance. Elle a également empoisonné 2 de ses enfants pour la même raison et son mari pour une double prime.

Le 28 avril 1908, un incendie ravagea sa maison de La Porte. Les corps de ses trois autres enfants et d'une femme décapitée furent découverts dans les décombres. Le shérif déclara officiellement Belle Gunness décédée mais de nombreuses interrogations existent encore sur son sort. Peu après l'incendie, des fouilles aboutirent à la découverte d'une quarantaine de cadavres dans les terrains environnant.

Belle, Myrtle, Lucy, Philipp Gunness

Selon les autorités, Belle Gunness aurait tué entre 1896 et 1908 quarante-neuf personnes dont ses 6 enfants et ses 2 maris, une trentaine d'ouvriers agricoles qui travaillaient dans sa ferme et plusieurs de ses prétendants venus avec toutes leurs économies appâtés grâce à une annonce.

Elle n'a jamais été inquiétée pour ses méfaits et reste impunie à ce jour.

Belle Gunness


Method, Duncan Roy, 2004, Roumanie/Royaume-Uni/Suisse/USA.

Dans le cadre de ce dossier, il a fallu que je visionne quelques inédits. Method est de ceux-là. J'étais surpris de découvrir une Elizabeth Hurley souhaitant interpréter une tueuse en série. Le top modèle anglais représente davantage le glamour de la société occidentale (le foulage de tapis rouge et le bronzage topless aux bords des piscines) plutôt que les aspects glauques de l'humanité mais Elizabeth y joue un rôle proche d'elle : une star traquée par les paparazzis. Elle est une actrice qui incarne Belle pour les besoins d'un tournage sur cette Barbe bleue au féminin.

Belle Hurley ^^(on sait pourquoi elle a eu le rôle)

J'ai adopté un mode de vision particulier pour Method. C'est le film lui-même qui me l'a inspiré.

Pour s'imprégner du rôle, Elizabeth habite la maison sur le lieu de tournage. Pendant le dodo, elle est prise de visions de Belle qui la domine de plus en plus dans sa psyché. Elle ne veut plus sortir de son rôle. Elizabeth devient peu à peu une folle meurtrière.

Pour ma part, ma méthode consistait à visionner un morceau de Method avant de m'endormir. Pour objectif, je voulais me faire hanter par Elizabeth Hurley dans mes rêves dont je ne voulais pas sortir. Chacun son truc.


Pour parler du film, la musique noie l'ensemble. Trois notes étranges de piano sont répétées en boucle pendant que le réalisateur, qui filme son plateau de tournage en Europe de l'Est, joue sur la disparition des repères entre fiction et réalité, entre le western reconstitué et la Roumanie moderne, entre la Roumanie reconstituée et le western moderne, entre la fiction moderne et la réalité roumaine, entre la réalité reconstituée et le western roumain. Chapeau coco. La caméra portée du roi Duncan fait n'importe quoi. Le choix de focalisation est bordélique. Un coup, je crois au faux documentaire. Puis, la caméra se ballade entre les acteurs. Je crois alors à la performance de captation de jeu d'acteur. Puis, elle prend la position d'une caméra d'interview télé. Avant je me croyais à la place d'un photographe qui essayait de prendre un bon cliché lors d'une marche sur tapis rouge. Une autre fois, je suis dans un rêve. Puis, retour à la réalité. Cette fois, c'est Jérémy Sisto qui (me?) mate. Puis c'est Hurley. Puis la femme de Sisto. La mère de Hurley maintenant. Puis c'est la caméra elle-même. Et non, la caméra ne les suit pas en mockumentaire. Elle est en focalisation interne. Voilà les techniciens de tournage. Hurley parle toute seule sur une chaise à bascule. Arrivent les policiers. Retour sur l'acteur. Il n'y aucun point de vue. Tout cela est censé être vivace mais les scènes reproduisent les trois mêmes informations : Hurley est proche de sa mère dominatrice, le partenaire marié/occasion de romance/acteur incarnant Ray Lamphere, l'ouvrier amoureux et outil facilement manipulable pour Belle (Jérémy Sisto) craque pour Hurley, et, Hurley a des visions incluant Belle et l'influençant psychologiquement. Le roi Duncan ne savait plus lui-même où donner de la tête. La preuve ... Après deux disparitions hors-champ, le final s'avère déconcertant. Je vous le décris.

Jérémy Sisto se fait arrêter par la police pour le meurtre de sa femme et d'un inconnu vu pour la dernière fois avec Hurley ; du coup, il ne sait plus quoi faire de ses doigts.

La police en plein interrogatoire musclé.

Jérémy a les preuves en main et il en perd son latin, comme le montre les sous-titres.

Mais il se laisse quand même griller une petite clope avant l’échafaud ...


... montage alterné/analogie avec la pendaison (qui n'a jamais eu lieu) de Ray Lamphere, le méta-personnage de Sisto dans Method et véritable bouc émissaire qui a été inculpé du meurtre de Belle et de l'incendie de sa maison de La Porte

Du coup, la police le relâche. Sisto se précipite à l'hôtel où Hurley n'habite plus pour en parler.

Mais Hurley a un problème.

Sa mère est morte.


C'est un suicide. Une lettre de sa main le prouve. Elle avoue le meurtre de l'épouse de Sisto. Tout va bien, Sisto ne sera plus qu'accusé de la disparition du bellâtre roumain.


... et bin non même pas ... dans une villa somptueuse, sur une terrasse, Sisto avoue le meurtre de la mère d'Hurley pour leur bonheur à eux deux ... ils n'auraient pas pu être heureux avec une mère aussi possessive sur le dos ...

"Quoi ?! C'était toi ?! Salaud ! T'as tué ma maman !!!", fait Hurley ... du coup, Sisto est prêt à tout pour la garder avec lui.


Mais, pas d'inquiétude, tout ça, c'était un rêve.

Hurley se réveille et s'en relève ... de quoi ? Je suis incapable de dire quand le rêve a commencé.

Tiens ! Une vision de Belle Gunness !!!

Hurley dit à propos de Sisto : "Non non, il ne sait rien."

Belle Gunness lui murmure : "Mais si, il le saura." ... quoi ? mystère ... le meurtre de la mère ? le meurtre de l'épouse ? le meurtre du bellâtre ? Qui confesse quoi ? On ne sait plus. Mettons que Belle Hurley soit coupable de tous les meurtres. Allez Hop !


Hurley va donc chercher un pic à glace ...

Elle tripe ...

Elle lève le pic à glace ...

Et le plante on ne sait trop où ... dans son ventre ou dans Sisto ... le plan ne montre que le mouvement : Sisto au lit semble bien loin sur le plan avec Hurley tenant le pic dans son dos pour pouvoir être atteint ... mais pourquoi Hurley se le planterait-elle dans le bide ?

... du coup, on passe à la New Orleans en 1910 ... sa fille adoptive fait du piano ... en vrai, elle l'a tué comme les autres, et, n'a jamais été aperçue là-bas.

Fin ... Belle Hurley a gagné en 1910 ...

Belle n'ayant jamais été arrêtée ni jugée, il faut croire que Hurley a tué Sisto et qu'elle s'en est tirée ... mais rien ne prouve qu'elle l'ait fait.

Hurley a-t-elle tué sa mère, la femme de Sisto et un bellâtre ou Sisto l'a-t-il fait pour elle ? Hurley préfère-t-elle croire que Sisto l'a fait pour eux deux et leur amour plutôt que d'admettre qu'elle est responsable afin de continuer dans son esprit à vivre au début du XXème siècle sous l'identité fantasmée de Belle Gunness ? Sont-ils complices de crime ? Que deviennent les accusations portées contre Sisto ? Que devient le pic à glace planté dans son ventre ? Pourquoi les policiers laissent-ils Sisto en liberté alors qu'ils ont recueilli des éléments sérieux concluant à la suspicion de son implication dans deux meurtres pendant le tournage ? Était-ce également un rêve ? Pourquoi cela se termine-t-il en 1910 à la Nouvelle-Orléans alors que des témoins auraient vu et/ou connu Belle Gunness à New York, San Francisco, Los Angeles et au Mississippi où elle aurait été une riche propriétaire immobilière ? Pourquoi le réalisateur précise-t-il avec une incrustation de texte sur une photo de Belle qu'elle n'a jamais été amenée devant la justice ? Est-ce pour justifier qu'une actrice s'identifiant à elle puisse la faire vivre dans sa tête et perpétuer ses exactions ? A quoi cela rime ? Le réalisateur a-t-il peur d'un effet de masse d'identification à Belle sur la population féminine mondiale ou juste sur les actrices ? Voulait-il juste faire peur au spectateur 150 ans après la naissance de la tueuse en leur disant qu'elle pouvait être toujours en vie et en activité ? Ou, était-ce simplement une façon de conclure son film en suggérant que la possible meurtrière de Method s'en sorte impunie ? Je vous laisse visionner tranquillement Method et vous poser les mêmes questions car voilà où vous pourrez trouver le plaisir de ce film.







4 commentaires:

  1. Jolie galerie d'images. :)

    Je n'avais JAMAIS entendu parler de ce film ! :D

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  2. Moi non plus, je n'en avais jamais entendu parler. J'ai fait quelques découvertes intéressantes durant Octobre Rouge. Ce Method en fait partie pour sa fin déconcertante. Du coup, j'ai réanimé mon mojo pour Elizabeth Hurley. La galerie, c'est pour contrebalancer l'horreur de Belle Gunness. Je préfère présenter le top britannique plus avenante que la tueuse norvégienne.

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  3. elle est quand même méga bonne.
    je trouve qu'on manque d'actrices/stars qui se baladent en cérémonie ou en avant-première avec de tels décolletés... :(

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  4. Hurley est une bombe. Et d'accord avec toi, la vie devrait être un défilé constant de belles pépés en décolletés qui nous laissent les tripoter à nos guises de gentlemen. Sinon il y a toujours le concours Miss France (quoique je ne l'ai pas maté depuis 4 ou 5 ans) ... faudrait que je m'y remette ...

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